.ALERTE : La menace qui pesait sur les énergies renouvelables est devenue réalité et se mesure tous les jours !
Le gouvernement Sarkozy, fort de l’appui de sa majorité parlementaire, a choisi la voie du « tout nucléaire », en profitant du grenelle 2 de l’environnement pour mettre en place une série de mesures visant à freiner considérablement le développement des énergies renouvelables et les maintenir en proportion marginale dans le mix énergétique.
Avec Giscard aux manettes de l’opposition à l’éolien et avec la collaboration de Patrick Ollier, actuel ministre des relations avec le parlement, le lobbying a porté ses fruits. Les éoliennes sont désormais soumises à la procédure ICPE (Installation Classée Protection de l’Environnement) et leur nombre doit être au minimum de 5 par projet. Au mille-feuille réglementaire déjà dissuasif (notamment en acoustique), viennent s’ajouter de nouveaux délais, de nouvelles contraintes et, bien évidemment, des recours quasi systématiques. Nous arrivons alors à des délais qui dépassent l’entendement ; huit, neuf, voire dix ans entre les premières études de faisabilité des projets et l’injection des premiers kilowattheures sur le réseau ! C'est-à-dire trois ou quatre fois les délais pratiqués en Allemagne, Espagne, etc… C’est d’autant plus regrettable que le tarif règlementé de l’électricité par cette filière est aujourd’hui comparable au prix de marché donc sans coût supplémentaire pour la collectivité.
Il est évident aujourd’hui que l’objectif 2012 puis 2020 du grenelle de l’environnement, de porter la puissance à 25 000 MW, ne sera pas atteint et nous en serons très loin, sauf changement radical de politique ! Nous sommes aujourd’hui à 6 000 MW installés, ce qui veut dire qu’il faudrait installer 2 000 MW par an d’ici 2020, alors que nous n’avons installé que 1 000 MW en 2010 et que le premier trimestre 2011 est en recul de moitié par rapport au premier trimestre 2010 ! A l’évidence, il y a un fossé énorme entre la communication et la réalisation… Ce ne sera pas la première fois que la France manquera son rendez-vous avec les énergies renouvelables. La signature de la directive européenne, suite aux accords de Kyoto, visant à porter à 21% la part d’électricité renouvelable en 2010 n’a pas été respectée. Partis de 16% en 1998, avec un net avantage dû à l’hydraulique, nous ne sommes aujourd’hui qu’à 15.4% au lieu de 21% !
Le constat est accablant et nous fait mesurer le retard accumulé par rapport aux autres pays de la planète.
Pour ce qui est du photovoltaïque, qui était pourtant paré de toutes les vertus au début, c’est aussi un coup d’arrêt brutal avec un moratoire faisant suite aux valses improvisées de tarif de rachat. La politique en matière de photovoltaïque est illisible. Ce nouveau cadre pour l’énergie solaire avec appel d’offres, ne rassure pas et n’efface pas la perte de confiance dans la parole de l’Etat.
Et pourtant, le GIEC vient de publier un rapport spécial sur les sources énergétiques renouvelables et sur la mitigation (atténuation ou modération) du changement climatique (SRREN).
Un rapport de 1544 pages, émanant de différents experts de pays en développement, de pays émergents, de pays industrialisés, nous affirme que l’humanité n’est absolument pas confrontée à un problème de ressources en énergie mais plutôt à une crise de l’ignorance.
Trois quart d’énergies renouvelables en 2050, voire 100%, c’est techniquement possible, car le potentiel est là, même s’il y a des défis à relever. Et Rajendra Pachauri, le président, d’ajouter : « Dans tous les scénarios étudiés, les investissements à réaliser s’élèvent à moins de 1% du PIB Mondial. Cela montre que le coût de développement et d’utilisation des énergies renouvelables est à portée de main et tout à fait raisonnable, surtout si on le compare aux subventions annuelles versées aux énergies fossiles et fissiles. »
Bien sûr, cela ne dispense pas d’économiser l’énergie car aucune écotechnologie n’est neutre sur le plan environnemental et il faut toujours viser la meilleure efficacité énergétique possible, avec le moindre impact. Plus nous serons performants sur les économies d’énergie plus l’autonomie énergétique en renouvelables, sera facilitée et meilleur sera le bilan économique et environnemental. Ne pas gaspiller et mieux partager est aussi une nécessité à l’heure où l’accroissement de la population augmente inévitablement les besoins.
Ce rapport offre un champ des possibles et une boîte à outils aux décideurs. Il ne privilégie aucune écotechnologie par rapport à une autre et n’impose ni mode de vie, ni politique fiscale, ni vision du monde. C’est aux décideurs et aux citoyens, rappelle le président du GIEC, à effectuer librement leurs choix en fonction de leur situation géographique, de leur histoire, de leur vision environnementale, de leur perception du risque, etc…
La catastrophe de FUKUSHIMA a renforcé l’idée que le nucléaire n’est pas la solution pour l’avenir énergétique qui sera forcément renouvelable pour conjuguer à la fois l’économie l’environnement, et la sécurité. Face à la probabilité plus forte d’un accident majeur en France, l’énergie nucléaire est non seulement dangereuse mais obsolète. Pour sécuriser davantage elle devra augmenter ses coûts et restera pour l’état une charge démesurée puisqu’aucune compagnie d’assurance n’accepte de couvrir les risques. C’est donc un énorme gaspillage que de persister dans cette vision du tout nucléaire et d’y consacrer autant, d’argent public. Que ce soit pour le nucléaire de Fission (L’EPR, gouffre financier, chiffré désormais à 6 milliards d’Euros, recherche de réacteurs de 4ème génération), ou de Fusion (projet ITER), alors que l’on peut faire mieux, plus propre, plus sécurisé, plus économique avec les énergies renouvelables.
Le seul avenir du nucléaire, c’est de programmer sa sortie progressive, de poursuivre la recherche pour démanteler nos centrales dans les meilleures conditions et de gérer au mieux nos déchets nucléaires.
Dans tous les cas de figures, ce secteur de l’énergie viendra alourdir considérablement notre dette économique et environnementale, laissant un triste héritage aux générations futures.
On pourra toujours communiquer mais il n’y aura pas de développement significatif des énergies renouvelables et donc de transition énergétique sans une baisse conséquente de la part du nucléaire dans notre mix énergétique.
Souhaitons que l’élection présidentielle de 2012 soit un moment intense pour débattre de ces questions essentielles, et regardons dans les autres pays les évolutions et les éléments qui permettraient à la France de sortir de sa position de blocage vis-à-vis du nucléaire et lui donneraient des perspectives plus cohérentes, plus réjouissantes et plus durables pour l’avenir.
Michel Lemosquet le 02/09/2011
Le rapport spécial sur les sources énergétiques renouvelables est téléchargeable sur « http://srren.ipc-wg3.de/ »