Transition énergétique; le changement, c'est quand?
La transition
énergétique avec ses trois piliers (Economies d’énergie,
Efficacité énergétique et Développement des renouvelables)
semblait promise à un bel avenir. Beaucoup pensaient même que
c’était un levier de croissance et d’emplois extraordinaire dans
un contexte pour le moins morose. La promesse du Président
François Hollande de passer la part du nucléaire de 75% à 50% dans
la production d’électricité en 2025, indiquait un véritable
changement. Le débat national sur cette transition énergétique
avait le mérite de ne pas écarter cette question évitée lors du
grenelle de l’environnement, sous Nicolas Sarkozy.
Au niveau national,
comme dans les régions, un grand travail de scénarios alternatifs
et les nombreux échanges montraient enfin une réelle avancée. Mais
c’était sans compter sur un baroud d’honneur des grands lobbies
de l’énergie qui se sont mis en travers lors des conclusions de ce
débat.
L’alliance des
syndicats : Medef, FO, CGT etc …, renforcée par Total,
EDF, AREVA et leurs relais dans la plupart des formations politiques
ont tenté de bloquer toute évolution de notre mix énergétique.
C’est à l’évidence
un nouveau coup porté aux énergies renouvelables qui n’avaient
pas besoin de cela tant les amendements du grenelle 2 de
l’environnement sous le précédent gouvernement, les avaient mises
en grande difficulté.
Où
en sommes-nous aujourd’hui ?
En photovoltaïque :
Cette jeune filière
industrielle a créé 35 000 emplois en 10 ans. Elle n’a plus
de visibilité.
Pour se développer un
projet industriel a besoin de stabilité juridique et financière. Or
depuis 3 ans l’instabilité est la règle ; Plus de 15 000
emplois ont déjà été détruits ; Il appartient maintenant
aux pouvoirs publics d’établir un plan de sauvegarde de la filière
pour sauvegarder cette technologie d’avenir en perpétuelle
évolution et permettre au photovoltaïque de retrouver la place qui
lui revient dans un nouveau mix énergétique renouvelable.
En éolien terrestre :
631 MW éolien ont
été installés en 2013. C’est un recul important et ce n’est
même pas la moitié des 1 500 MW qu’il faudrait installer
chaque année pour parvenir aux objectifs grenelle 2020. A savoir :
19000 MW éolien terrestre, 6 000 MW éolien offshore.
Au 1er
janvier 2014, l’éolien français totalise donc 8 465 MW
installés, qui produisent 4% de l’électricité consommée dans
notre pays. Le bilan 2013 est donc très mauvais et de nature à
remettre en cause toute la filière industrielle et les 11 000
emplois qu’elle a créés. La filière éolienne peine à se
relever. Cependant la mise en place d’un nouveau modèle de
contrat d’achat anticipé a permis une légère amélioration sur
la deuxième partie de l’année après un début catastrophique.
Les simplifications
opérées par le gouvernement, notamment avec la loi Brottes
(suppression du seuil des 5 mâts, suppression ZDE, etc…) ont
redonné de l’oxygène à l’éolien terrestre. Il faut continuer
de desserrer l’étau juridique et surtout que le gouvernement lève
toute insécurité sur le tarif l’achat éolien en adoptant un
nouveau texte rapidement.
Commission d’enquête
à l’Assemblée Nationale sur les coûts du nucléaire :
A l’heure où les
opposants à l’éolien attaquent tous azimuts, une commission
d’enquête de l’Assemblée Nationale a été nommée en ce début
d’année pour examiner les questions des coûts d’exploitation
des centrales nucléaires , de durée d’exploitation des réacteurs,
de démantèlement, de traitement des déchets nucléaires et de leur
stockage.
Après la Cour des
Comptes et le Sénat, gageons que ce travail à l’Assemblée
établisse le véritable coût du kWh nucléaire en France. Pour
mémoire, le rachat du kWh éolien est établi à 8.2 centimes
d’euros tandis que le kWh du réacteur nucléaire EPR britannique
futur vient d’être fixé à 11 centimes par EDF.
Depuis l’accident de
Fukushima, l’Autorité de Sûreté Nucléaire reconnaît qu’un
accident nucléaire majeur est possible en France et que son coût
serait de 600 milliards d’euros pour la fourchette basse, selon la
Cour des Comptes. Cette somme gigantesque incomberait à l’état,
puisque le nucléaire n’est pas assuré. Aussi l’Assemblée
Nationale sera appelée à s’exprimer, pour la première fois de
son histoire, sur l’inscription dans les comptes de la France, de
l’impact potentiel sur les finances publiques d’un accident
nucléaire majeur, ainsi que celui des coûts du nucléaire actuel.