Bien que la
demande en électricité explose, la production d'origine nucléaire
a chuté de 17% à 12% en 10 ans, tendance ne faisant que s'accentuer
depuis l'accident de Fukushima. Ce ne sont pas les quelques
« succès » récents de ventes de réacteurs EPR, pas
toujours avérées, qui feront illusion.
Néanmoins,
le gouvernement français, en s'inspirant du salon aéronautique du
Bourget, veut mettre en place en octobre 2014, un salon du nucléaire.
Que ne ferait-on pas pour séduire les clients étrangers potentiels
? Et, sans doute, montrer ses gros bras face à l'émergence des
filières chinoises et nippo-américaines. Mauvaise surprise
lorsqu'on entendait dans la dernière campagne présidentielle que
notre président actuel voulait réduire la part d'électricité
nucléaire de 75 à 50% d'ici 2025.
Comme si
cela ne suffisait pas, dans une ancienne mine d'uranium du
Limousin, un musée appelé URÊKA, largement financé par AREVA, a
ouvert ses portes en juillet 2013. Une expo de 850 m2 interactive,
d'une durée de 2 heures, balaie toutes les techniques d'extraction
de l'uranium du Nord canadien au Niger en passant par le désert de
Gobi.
Exit,
bien sûr, les impacts environnementaux et sanitaires... Avec un
slogan tel que « L'épopée française de l'uranium, commencée
en Limousin en 1948, aujourd'hui encore, l'aventure continue... »
Coût du
musée : 10 millions d'euros dont 8,5 financés par AREVA !
Le
changement climatique, une vue de l'esprit ?
La
revue XXI de l'automne 2013, synthétise très bien, en
quelques chiffres, les arguments essentiels pouvant , pour le moins,
amener les « climato-sceptiques » à se poser des
questions.
97,1
% des scientifiques concluent à la responsabilité des
activités humaines . Selon une étude parue en mai 2013 dans
Environnemental Research Letters, 4
000 articles cosignés par plus de
10 000 chercheurs internationaux.
31
%, telle est
l'augmentation de la concentration de CO2 dans
l'atmosphère essentiellement due à la combustion d'énergie fossile
depuis 1750.
10.Les dix années les plus
chaudes jamais
enregistrées à l'échelle mondiale sont toutes postérieures à
1997 .
1,3°
C . 2002-2011,
la décennie la plus chaude jamais enregistrée en Europe, moyenne
supérieure de 1,3° à lcelle de l'ère pré-industrielle (Rapport
de fin 2012 de l'Agence européenne pour l'environnement.
De
2,5 à 4° C ,
estimation de la hausse moyenne de la température de l'Europe dans
la seconde moitié du XXIème
siècle.
Les
prévisions de la hausse du niveau de la mer
sont encore plus inquiétantes qu'en 2007 et pourraient se situer
dans une fourchette de 18 à 59 cm à la fin du siècle. La banquise
artique estivale a perdu environ 10% de sa surface depuis 1979.
Des
« petits génies » imaginent des technologiesdéveloppées
à grande échelle pour
contrecarrer le changement climatique sans avoir à limiter les
émissions de gaz à effet de serre. Personne ne peut dire
aujourd'hui quels en seraient leur coût et leurs conséquence
écologiques et, comme l'avance « Alternatives Economiques de
nov.2013, ellesobligeraient
les hommes à les poursuivre sans discontinuer au
risque de
provoquer,
par leur arrêt, une hausse très rapide des températures.
Face
à l'inertie des gouvernements qui,
de sommets en sommets, sont incapables de décisions, outre
-Atlantique, lesclimato-sceptiques
s'organisent
par le biais de think tank et d'associations professionnelles qui
approcheraient la centaine. Y figurent nombre de consultants
ou «chercheurs associés » qui envahissent le monde des
médias. Leur seul but, induire le débat public en erreur et faire
douter l'opinion sur la réalité du changement climatique. Un
sociologue américain, Robert Brulle, universitaire à Philadelphie,
a enquêté pour savoir comment ces nébuleuses pouvaient être
financées. Entre 2003 et 2010, ce sont 900 millions de dollars par
an qui auraient été injectés dans ces groupes via 140 fondations
à caractère philanthropiques. On y trouve des grandes familles de
l'industrie minière, de la banque, du pétrole, etc.,
On
comprend mieux leur capacité de nuisance ! Un voyage en Australie
les mettraient en face de réalités inquiétantes. (v. Le Monde des
2 janv. Et 17 janv. 2014)
Accident
nucléaire: s'opposer à la stratégie du lobby nucléaire
[C'
est ainsi que Corinne Castanier, ancienne directrice de la
CRIIRAD, intitulait son article dans le bulletin d'information N° 60
d'octobre 2013]
Il
en est des catastrophes nucléaires comme des génocides en Afrique
ou des tsunamis en Asie du Sud-Est: les journaux en font leurs choux
gras durant quelques jours, puis l'info est vite reléguée dans un
entrefilet, pages intérieures, avant d'être jetée aux oubliettes
pour laisser la place à quelque fait divers morbide qui ira
conforter la surenchère sécuritaire. Dans la majorité des médias
comme dans toute la classe politique, du PC au FN, il existe un
consensus immuable sur la question nucléaire et aucun débat ne peut
se dérouler dans la sérénité à propos de cette énergie qui pose
pourtant problème -et c'est un euphémisme-: la société civile et
les quelques scientifiques critiques en sont systématiquement
écartés ou leur participation y est ultra minoritaire.
Si
l'accident de Tchernobyl (26 avril 1986) a quelque peu réfréné les
ardeurs du lobby nucléaire, l'état de grâce pour les opposants
aura été de courte durée. Très vite, pour les «démocraties»
occidentales, les territoires contaminés de Russie, d'Ukraine et
surtout du Bélarus, deviennent LE laboratoire in situ
pour des expériences in vivo: les promoteurs de l'énergie
nucléaire y développeront «le concept de développement
durable en zone contaminée»: on ne peut faire plus cynique!
Des missions de réhabilitation seront confiées à l' «association»
CEPN (Centre d'étude sur l'Evaluation de la Protection
dans le domaine Nucléaire, fondé en1976) qui n'est qu'un
avatar du lobby puisqu'elle n'est constituée que de 4 membres (EDF,
Areva, CEA et IRSN*) fortement impliqués dans la promotion de
l'énergie nucléaire. Différents partenaires internationaux,
surtout français, sont associés au CEPN pour mener à bien ces
missions: ONG médicales, environnementales (ACRO*), INRA* et
organisations agricoles proches de la FNSEA (selon Stéphane Lhomme
ancien porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire) qui étudient
les moyens de décontaminer et de (re)fertiliser les terres
cultivables (on comprend bien qu'en cas d'accident en France il est
bon de se tenir prêt pour éviter la catastrophe économique
qu'engendrerait une telle situation pour l'agriculture française!).
Les
programmes concoctés par le CEPN dans les territoires contaminés du
Bélarus n'ont d'autre but que d'«[impliquer les] populations
locales dans [le processus de]
réhabilitation des territoires contaminés » (Sezin
Topçu, La France Nucléaire, page 226 et suivantes): le
programme Ethos a été mené de 96 à 98 dans le petit
village agricole d'Olmany, à 250 km au Nord de Tchernobyl, suivi
d'Ethos 2 (jusqu'en 2001) dans 5 villages biélorusses; puis, de 2003
à 2006, le programme Core (Coopération pour la
Réhabilitation des conditions de vie dans les territoires
contaminés du Bélarus sur quatre districts (provinces) dans le Sud
du pays. Ces divers programmes « [concrétisent] ainsi
l'idée que la gestion des conséquences d'une catastrophe
nucléaire revient aux individus eux-mêmes, auxquels on demande
d'être informés d'abord, compétents ensuite et responsables
enfin ». Il est de plus fort regrettable que ces
programmes internationaux aient quelque peu discrédité le
remarquable et colossal travail fourni par l'institut biélorusse de
radioprotection indépendant Belrad (dirigé par Vassili
Nesterenko jusqu'en 2008) qui avait déjà réalisé des dizaines de
milliers de mesures sur les enfants et les territoires contaminés du
Bélarus: sous la pression du lobby, le gouvernement de Loukachenko a
supprimé les crédits qui lui étaient alloués; sa survie ne dépend
plus que de l'associaion Enfants de Tchernobyl Bélarus*
En
outre, le directeur du CEPN et son adjoint (MM Lochard et Schneider)
sont aussi membres actifs de la CIPR* chargée de définir les
modalités de radioprotection. Sous leur impulsion, les nouvelles
normes 2007 font «grimper» le seuil d'admissibilité des doses de
1mSv/an (1 millisievert par an) en 1990 à 20 mSv/an, chiffre qui
était la limite pour les travailleurs du nucléaire (ces nouvelles
normes ont été appliquées par les autorités japonaises après
Fukushima, elles peuvent même aller jusqu'à 100 mSv!). Ainsi donc,
«les nouvelles limites -préconisées par la CIPR- permettent
d'augmenter considérablement le nombre de personnes susceptibles de
vivre en zone contaminée » et la Commission Européenne
s'apprête à faire adopter une nouvelle directive allant dans ce
sens; en bref, lors du prochain accident dans une centrale en Europe
(en France?-ce qui est devenu possible sinon probable selon les dires
du lobby lui-même-), on n'évacuera plus les populations des
territoires contaminés et le coût de la gestion post-accidentelle
en sera d'autant diminué [pour mémoire, l' IRSN, dans un rapport
longtemps classé secret évalue le coût d'un accident type
Tchernobyl à plus de 400 milliards d'euros (option la plus
basse), soit plus de 20% du PIB français annuel].
En
conclusion, les victimes de la catastrophe en sont devenues les
responsables -sinon les coupables- et elles doivent assurer leur
survie sur les territoires contaminés: ainsi, l'exploitant, le
gouvernement, l'OMS, l'AIEA ..., les véritables auteurs du
désastre, se sont dédouanés de toute responsabilité!
Et
les premières victimes innocentes sont -et seront encore pour
longtemps- les enfants (des chercheurs biélorusses -dont la
généticienne de haut niveau Rose Goncharova- ont constaté
sur des animaux irradiés à de très faibles doses une instabilité
génomique qui se transmet et qui augmente de génération en
génération.)
La Coedra se doit de réagir devant cette situation en poursuivant
son travail d'information, bien sûr, mais aussi plus concrètement,
en continuant d'accueillir des enfants du Bélarus pour un séjour
réparateur au printemps (mars-avril 2014).
EDF:
Electricité De France Areva: géant français du
nucléaire CEA: Commissariat à l'Energie Atomique
IRSN:
Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
ACRO: Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans
l'Ouest
INRA:
Institut National de Recherche Agronomique CIPR: Commission
Internationale de Protection Radiologique
Enfants
de Tchernobyl Bélarus*: si
vous désirez aider Belrad, contacter l'association
http:/enfants-tchernobyl-belarus.org