Alors que le 1er mars 2011 Mikhaël Gorbatchev venait de rappeler à l’ordre la communauté scientifique sur la réalité d’une menace nucléaire, les faits n’ont malheureusement pas tardé à lui donner raison avec la centrale japonaise de FUKUSHIMA, dont au moins trois réacteurs sont en grave difficulté de refroidissement.
Une explosion s’est déjà produite sur le réacteur n°1 dont le cœur serait en fusion, les réacteurs n°2 et 3 sont aussi menacés d’explosion et de fusion. Le réacteur n°3 est plus inquiétant car son combustible est du mox : un composé uranium plutonium (le plutonium est très toxique et mortel à faible dose).
La centrale de FUKUSHIMA comprend 6 réacteurs à eau bouillante (REB) sur les 55 que compte l’archipel.
De plus la radioactivité autour de la centrale de ONAGAWA est beaucoup trop élevée, elle proviendrait de la centrale de FUKUSHIMA distante de 50 kms par le nuage radioactif.
Enfin la centrale de TOKAI est à l’arrêt à cause d’une panne de pompe de refroidissement.
Cet accident nucléaire majeur comparable à celui de THREE MILE ISLAND le 28 mars 1979, intervient 25 ans après celui de TCHERNOBYL. Il démontre à l’évidence, comme le rappelait Gorbatchev, que nous n’avons pas pris toute la mesure de cette tragédie. L’énergie nucléaire est incontrôlable, extrêmement dangereuse et doit être remplacée progressivement par d’autres sources d’énergie renouvelables propres et durables.
Ce qui est aujourd’hui choquant et insupportable en France, c’est la communication sur cette catastrophe. C’est exactement la même communication qu’en 1986 avec le professeur Pellerin et le ministre Alain Madelin au moment de TCHERNOBYL :
« Les vents sont dans le bon sens et la radioactivité est mineure, et en France il n’y a aucun danger. » !
Au même moment, les experts américains sont beaucoup plus pessimistes et craignent le pire avec les processus de fusion engagés, selon leurs conclusions. Ils préviennent que les conséquences sur les fuites d’éléments radioactifs dans l’environnement pourraient être dramatiques pour les populations. Ils constatent que la situation est loin d’être maîtrisée, l’apport d’eau de mer pour le refroidissement n’étant pas satisfaisant.
Les responsables japonais n’ont pas de solution technique, ils essaient simplement de rassurer par la communication.
Le lobby nucléaire s’acharne à minimiser les faits, mais cette fois il aura du mal à bloquer l’information (Internet, TNT, etc…) Le débat sur le nucléaire dans le monde va donc rebondir, et particulièrement en France, pays le plus nucléarisé de la planète.
Le gouvernement français qui bloque le développement des énergies renouvelables et tente de les faire remplacer par les énergies qu’il appelle « décarbonées » (nucléaire) au niveau européen, va avoir des comptes à rendre à la population.
Combien faudra-t-il de catastrophes pour qu’enfin nos politiques prennent leurs responsabilités et revoient la politique énergétique de fond en comble.
Il est quand même extraordinaire d’entendre encore dans notre pays un ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, très influent, nous expliquer que les éoliennes présentent plus de risques que l’énergie nucléaire !
La plus vieille centrale nucléaire française, celle de Fessenheim, ne dispose pas de double cloison de confinement et se situe sur une zone sismique.
L’heure est venue pour qu’enfin en France le nucléaire n’échappe pas au débat démocratique et que l’on dessine une nouvelle politique énergétique responsable et durable.
Le nucléaire vient à nouveau de montrer son visage le plus sombre aux yeux du monde, la France ne pourra pas rester dans cette posture intégriste de l’atome bien longtemps.