Extraits: France Culture -Ruth Stegassy – 17.04.2010
Le 24ème anniversaire de Tchernobyl , réflexion d'une auditrice : « la catastrophe nucléaire me semble nécessiter un langage particulier car elle a un début mais, à l'échelle humaine, pourdes dizaines de générations, elle n'aura pas de fin ». Cette déclaration terrible vient en préambule d'un reportage relatant la rencontre de Ruth Stégassy avec les vigies manifestant devant le siège de l'OMS à Genève. Depuis trois ans, elles sont là chaque jour, de 8h à 18h, au nombre de 2 à 3 par semaine, en protestation contre le rôle de l'OMS, munies de pancartes affichant des slogans tels que :
« L'OMS doit remplir son mandat pour protéger la santé »
«La dissimulation de la vérité et la non-assistance = crime ».
Pacte odieux
Est-il besoin de rappeler l'accord délétère qui lie l'OMS (1) et l'AIEA (2) depuis 1959 ? L'OMS censée « amener les peuples au niveau de santé le plus élevé » et l'AIEA promotrice de l'énergie nucléaire « à des fins pacifistes »... de connivence pour occulter les véritables conséquences sanitaires de catastrophes telles que Tchernobyl avec l'appui de puissants lobby de l'industrie nucléaire mondiale. (Renvoi Coédra Maine- Cèdre 23.pdf à télécharger)
« L'AIEA, étant l'unique agence subordonnée au Conseil de Sécurité des Nations Unies, a une prééminence dans le domaine du nucléaire civil et militaire sur les autres instances. Ainsi, l'ex-directeur général de l'OMS, interviewé à Kiev lors de la conférence de 1995, presque 10 ans après Tchernobyl, a avoué qu'il avait été empêché de publier les actes très contradictoires entre les scientifiques de terrain, les médecins et les officiels représentants de l'ONU.
« A propos de l'énorme cohorte de liquidateurs ayant péri lors ou suite à l'intervention de Tchernobyl (on parle de 600 000 à 1 million ? ) l'OMS en est restée à 56 morts ! »
Sur fond de décomposition de l'URSS, bien contente d'être aidée en la circonstance par l'occident face aux questions et inquiétudes venant des populations, le couvercle est vite retombé sur les réalités.
Censures multiples
« Ainsi, le refus de l'ONU, de prendre en compte les 2000 publications en langue russe rassemblées par le Pr Nesterenko et Alexeï Jablokov pour, entre autres raisons, qu'elles ne sont pas rédigées en anglais eu égard au protocole des publications scientifiques... Pourtant elles recèlent des masses énormes d'informations de terrain. »
Un membre de « CONTRATOM », association antinucléaire suisse : « ayant travaillé 18 ans à l'OMS, je suis convaincue que le problème majeur OMS/AIEA est le conflit d'intérêts. Ces organismes sont dominés par 3 pays : les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne. Un exemple très simple : si on voulait mettre à l'ordre du jour la question de Tchernobyl, ce serait un véto. De plus, l'OMS manque d'argent et doit faire appel à des sources privées ; ce qui entraîne une désinformation dans tous les domaines. »
« Quelques-uns nous parlent , nous font des signes. Il y a 150 personnes travaillant à l'OMS qui sont venues nous parler et chercher des dossiers pour se renseigner parce que ça les interpelle quand notre présence ici, depuis 3 ans, et notamment dans le froid, ils doivent se dire que si on est là tous les jours, y'a peut-être un problème. »
Un mayennais, Christophe Elain, du Réseau Sortir du Nucléaire, a été vigie à plusieurs reprises à Genève. Il était aussi, tout récemment, un des artisans du Tchernobyl Day (24, 25 et 26 avril derniers) à Paris au Trocadéro. Les 300 photos identifiées et exposées parmi les milliers de liquidateurs ont sensibilisé et suscité de nombreuses questions de la part des passants.
Que faudra-t-il pour que cet accord devienne caduc ?
(1) Organisation Mondiale de la Santé (2) Agence Internationale de l'Energie Atomique